samedi 23 août 2008

La vie continue...

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J’ai retrouvé le fauteuil de salon que nous avions laissé sur la terrasse. Heureusement il n’a pas plu. Les portes et portes-fenêtres sont également restées largement ouvertes. Sans avoir la phobie des visites noctambules, ce n’est quand même pas très sérieux… Au moins l’intérieur de la maison a bien pris le frais de la nuit !
Il n’a pas plu, mais le velours du siège s’est gorgé d’humidité. Si près du lac… Je m’y installe quand même avec délectation. J’ai juste enfilé un short, et la fraîcheur du tissu me donne des frissons et dresse les poils de mes bras… J’aime.
Je m’allonge confortablement, m’étire, pose mes pieds sur le tabouret et allume une cigarette… Rhôô… Si Domi était là… Il me mène la guerre contre ces premières bouffées prises avant le moindre petit repas… Mais je les trouve tellement bonnes… Elles me font délicieusement tousser… J’attends que le café ait fini de passer. Le pain dégèle. Suzy et les enfants ne sont pas encore réveillés. Je ne vais quand même pas petit déjeuner tout seul !
Ce sont les garçons qui ont posé pieds à terre en premier. Nadège et Suzy ont suivi de près. Suzy fait chauffer le lait pour les enfants. Nadège s’est assise sur mes genoux pour un câlin. Les jumeaux cavalent déjà dans la pinède. Nous ne pourrons pas parler de nouveau en tête à tête pendant un bon bout de temps… J’envoie Nadège sortir les bols, et je vais saluer Suzy d’un baiser sur le front.
Elle me repousse tendrement mais fermement. « Allez, prends le café, tiens… ».
Faire comme si. Quelque chose me dit qu’elle a fait son choix, elle…

Nadège s’est plongée dans un nouveau livre. « Le Comte de Monte Christo ». Elle semble bien avoir récupéré mon virus de la lecture. Les garçons ont entrepris une cabane dans la pinède. Eux aussi doivent se raconter une belle histoire. Je propose à Suzy de faire une petite promenade le long du lac. Nous y passions de longs moments autrefois, pendant que ma mère veillait sur la sieste de Nadège. Plus tard aussi, il nous arrivait de nous échapper ainsi, lorsque quelque parent ou ami pouvait rester à la maison pour les enfants. Combien de fois avons-nous fait l’amour, abrités dans la petite crique, au milieu des roseaux ?
« Oui, mais pas trop longtemps » a-t-elle répondu à mon interrogation.
Un long moment nous marchons en silence. Ni l’un, ni l’autre n’ose engager la conversation. Pour ma part, je voudrais que le temps se fige, que tout s’arrête en cet instant. Vivre la beauté de l’instant présent, ne pas avoir de question à se poser sur l’avenir. Fixer le bonheur, écarter les idées sombres…

- Nicolas m’a appelé tout à l’heure. Il arrive demain à midi à Bordeaux. Je lui ai dit de prendre la navette, que j’irai le chercher à Ychoux. Il faudra que je parte vers midi trente.
- Dis donc, ça ne le fait pas partir trop tôt d’Angers, cet horaire ?
- Non, vers sept heures et demi. C’est raisonnable, bien qu’il m’ait dit qu’ils risquent de terminer le démontage tard dans la nuit…
- … …
- Je suis heureuse qu’il revienne tout de suite…
- … …
- Tu ne dis rien ?
- … … J’essaye de réfléchir. De comprendre. D’imaginer ce que nous allons faire…

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