mardi 3 février 2009

Chap XI Voyage impromptu





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Les choses se sont un peu précipitées. Je n’ai pas trouvé le temps d’écrire ces derniers jours.
Nicolas est revenu, et dès le lendemain Domi arrivait à son tour. C’était un moment fort, plus d’une semaine que nous ne nous étions vus, et je me demandais comment allait se passer la cohabitation de nos deux couples. Suzy connaît déjà bien Domi. Elle l’apprécie, c’est clair. Mais mon mec n’avait jamais rencontré son mec à elle.
Hé bien, prise de contact réussie. Ils s’entendent comme larrons en foire. Ils ont même trouvé le moyen d’aller faire un jogging ensemble dimanche matin. Quant à moi, j’avais un mal de dos ef-froyable. Un faux mouvement en jouant avec les enfants vendredi après-midi. Ils me poursuivaient et m’ont fait tomber dans le sable. Je suis mal tombé. Connement.
Bah… Ça m’a valu de magistraux massages par Suzy ! Mon ex infirmière attitrée. Massages sages, bien entendu.

Domi et moi nous sommes retrouvés seuls avec les enfants sans même avoir eu le temps de réaliser. Et voila que mon petit mec se trouve plongé dans la situation d’un couple avec enfants. Cela aurait pu ne pas être évident. Beaucoup de gays auraient été très vite déboussolés. Lui, non. Ces dernières heures, j’ai beaucoup pensé à ce que me racontaient ses parents sur la petite enfance de Thomas. Il est d’une patience inouïe. Sûr de son autorité naturelle, il sait être disponible et à l’écoute des enfants. Ce serait un père magnifique. Je savais que mes enfants l’adoraient. Ces derniers jours, j’ai compris pourquoi. Au début de ce texte, je me souviens d’avoir parlé de « grand frère ». Non. C’est un référent. Dans la plus belle acceptation du terme.

Et pour finir, je lui fais la pire des vacheries. Involontaire bien sûr. Mardi, j’ai reçu un appel affolé de Christian, l’un de mes jeunes chefs de projet. Il continue à travailler en Août avec une petite équipe de trois personnes. Rien ne pouvait laisser prévoir une quelconque difficulté. Le chantier est loin d’être sur la fin. Bien entendu, je lui avais laissé mon numéro de portable, au cas où.
Et l’incident majeur. La bourde du siècle. Une grosse erreur de programmation, et l’un de nos collaborateurs a détruit le fichier qu’il ne fallait surtout pas perdre. Un fichier très, très important, sinon ce n’aurait pas été drôle.
Court moment de panique. Je me fais préciser que, quand même, il y a bien eu des sauvegardes de faites selon les procédures habituelles. Confirmé. Mais le dernier back up complet remonte à une semaine. Il faut donc faire reprendre une semaine de travail par les administratifs. Moindre mal. Je pousse un soupir de soulagement. Pas pour longtemps. Le patron ne décolère pas et parle de virer toute l’équipe pour faute grave.
J’ai essayé de recoller les morceaux au téléphone. Rien à faire. Mon client voulait me voir au plus vite pour négocier de vive voix. Il semblait très remonté ! Ce seul incident ne peut à lui seul expliquer une telle intransigeance. Sans doute une accumulation de petites erreurs. Du moins, je l’espérais. Mais il fallait cependant que je tire cela au clair le plus rapidement possible. Et surtout que je dédramatise la situation. Un chiffre d’affaire potentiel assez conséquent est quand même en jeu !
C’est donc moi qui suis remonté à Paris. Juste pour vingt-quatre ou quarante-huit heures. Je n’avais pas trop le choix.
J’ai d’abord pensé à annuler nos vacances et à ramener les enfants chez Suzy. « Pas question ! » S’est insurgé Domi :

- C’est toi qui a des problèmes, pas eux. Aucune raison qu’ils écourtent leur séjour !


Je ne me suis pas fait prier longtemps. J’en suis sincèrement hon-teux. J’ai pris le train pour la Capitale aussitôt. Domi ne pouvant pas laisser trop longtemps les enfants seuls, j’ai appelé un taxi pour me conduire directement à Bordeaux.


J’ai ainsi pu consacrer la journée d’aujourd’hui à résoudre le conflit apparu chez mon client. Rien de bien grave, au fond. L’un de mes jeunes collaborateurs, inexpérimenté, se débattait depuis quelques temps avec des difficultés techniques. Mais, encore en période d’essai, il s’accrochait pour essayer de faire ses preuves. Le jeune chef de projet, soucieux d’être perçu comme un « bon chef », avait visiblement pris en sympathie le nouveau. Lorsqu’il constatait des maladresses, il s’efforçait de passer par derrière et de sauver les meubles. Seulement voila, l’une des maladresses qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques lui a échappé.
J’en ai, cela va de soi, profité pour redire, une énième fois la règle dont je fais pourtant bien souvent mon credo, mais qui, semble-t-il n’avait pas été suffisamment entendue :

- Je redis, je ne le redirai jamais assez… Et ça s’adresse à vous deux, développeur et chef de projet. Je ne vous reprocherai j.a.m.a.i.s d’avoir appelé au secours ou simplement d’avoir demandé de l’aide. Même s’il s’avère par la suite que vous pouviez, au bout du compte, vous débrouiller seuls.
Mais je considèrerai comme une faute g.r.a.v.e. si de nouveau un jour vous ne tirez pas la sonnette d’alarme à temps. Personne n’est infaillible. Ça fait partie de notre job de savoir reconnaître ses limites. Ou son niveau d’incompétence.
Bon c’est le premier gros problème pour l’un et l’autre, et nous allons nous en sortir sans trop de bobos. Mais je n’accepterai pas un autre incident de cet ordre. Sonnette d’alarme ! Sonnette d’alarme bon sang !


En effet, vis-à-vis de mon client je m’en suis sorti avec beaucoup de douceur et une bonne dose de dérision. Ainsi que l’engagement de ne pas facturer les prestations de mes quatre collaborateurs pendant ces quinze jours d’août. Quand même.
Pour finir d’enterrer le litige, un bon petit repas dans l’un des meilleurs restaurants des Champs s’imposait. Mais ça, c’est la routine de la partie commerciale de mon job.

J’ai un peu traîné dans Paris, mais guère. Rien ne me faisait vraiment envie. J’ai pris le temps de m’arrêter boire un pot sur les Champs, et je suis revenu dans mes bureaux. J’ai deux ou trois heures devant moi avant de prendre le train pour Orléans. Ce soir je dors là-bas, chez ma mère. Je peux ainsi faire d’une pierre deux coups.

Je viens d’en profiter pour relire tout ce que j’ai écrit jusqu’à présent. Ce n’est pas le pied, ni le futur Goncourt, mais ça tient plutôt la route. Je ne suis pas mécontent de moi pour le moment. Je viens quand même de faire pas mal de corrections.
Du coup, maintenant, je suis un peu à la bourre. Pourtant je voudrais encore dire quelques petites choses, qui trouveraient bien leur place ici, à ce stade, notamment sur la fidélité.

(Trop juste, là. Arrivé à Mimizan, faire un petit topo sur ma rencontre fortuite avec cet ex, et sur le fait que je n’éprouve absolument pas de désir d’aventure. Le mec s’est foutu de moi. Il m’a connu plus vindicatif et rapide en affaire !
Faire réflexions sur l’amour, sur mon amour pour Domi, sans tomber dans le pathos)

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