samedi 31 janvier 2009

Chap II Retour dans la famille





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Je dois sourire un peu bêtement. Je suis bien là, assis dans ce fau-teuil confortable, que j’affectionnais particulièrement. Suzy me fait face, sur le canapé, souriante elle aussi. Elle est splendide. L’amour lui réussit. D’un ample et harmonieux mouvement de tête elle rejette ses longs cheveux derrière ses épaules.

- C’est vraiment dommage que Domi n’ait pas pu venir avec toi. Les enfants l’aiment beaucoup tu sais. Mais c’est bien décidé, vous vous installez ensemble ?
- Oui, oui… J’avais oublié que c’est l’anniversaire de son père aujourd’hui, sinon, je t’aurais proposé une autre date. Et il compte leur annoncer, pour nous, au cours de cette journée.
- Tu vas garder cet appartement ?
- On ne sait pas encore. Lorsque je l’ai pris quand nous nous sommes séparés, je pensais qu’il serait largement suffisant pour un début… Je ne pouvais pas imaginer que les choses iraient aussi vite ! Il manque une pièce. Le bureau et l’ordi sont dans la chambre, avec mes horaires décalés, c’est gênant pour moi de travailler quand Domi cherche à s’endormir…
- Vous pourriez l’installer dans la pièce à vivre…
- Avec la cuisine américaine je n’y tiens pas trop. Les vapeurs de cuisine ne sont pas très compatibles avec le matériel électronique !
- Exact… Bah ! Vous allez bien trouver une solution !


Tout en parlant, je me suis de plus en plus penché vers elle, parlant tout doucement, comme si nous nous faisions des con-fidences. Je suis bien là. C’est dingue que je sois aussi bien. Comme si je n’étais jamais parti…
Nicolas, qui était debout derrière le canapé, ses avant-bras appuyés sur le dossier s’est redressé. Très naturellement, il a posé sa main droite sur l’épaule de Suzy, avec un adorable petit air protecteur… Je regarde la scène et souris plus franchement. Mon ex femme lit aussitôt dans mes pensées. Elle pose sa main gauche sur celle de Nico après l’avoir gentiment tapotée. J’adore ces non-dits… D’un geste, « Mais oui mon chéri c’est toi le plus beau, le bien-aimé », et « Hé ! Oui, mon pauvre Al, ne l’oublie pas, tu es hors-jeu, ce n’est plus toi que j’aime »…
Je me redresse et me cale de nouveau dans le fauteuil quand les enfants appellent :

- Maman, on a fini, tu viens ?


Suzy, comme toujours, réagit promptement. Avec vivacité elle zig-zague entre les fauteuils et la table basse, pirouette pour le plaisir de sentir flotter sa jupe longue autour de sa taille si fine.

- J’arrive mes chéris !


Oui, oui, Suzy, j’ai vu que tu avais mis une jupe aujourd’hui. Petit clin d’œil nostalgique ? Bah ! Voilà que je ramène tout à moi. Nico aussi, peut-être, aime bien la voir en jupe ! En tout les cas, voici une belle opportunité pour échanger quelques mots avec ce charmant jeune homme qui semble quelque peu mal à l’aise dans la situation présente.

- Alors Nicolas, mes enfants ne t’en font pas trop voir ?
- Non, pas du tout ! Ils sont vraiment adorables, et en plus Suzy s’occupe de presque tout.
- Allez, profitons de ce petit moment de tête à tête. Tu ne me sembles pas très à l’aise aujourd’hui ?
- Oh ! Vous êtes très gentils tous les deux… Mais la situation est particulière, reconnais-le… C’est la première fois que tu reviens ici alors que j’y suis.
- Question de hasard. Avec ton job, tu es souvent absent quand moi je suis libre. Je suis content que ça se passe comme ça aujourd’hui. Ben, quoi ? Tu nous connais bien tous les deux, non ?
- C’est une pique ?
- Mais arrête d’être sur la défensive ! Je te l’ai dit il y a un an, quand tu es venu m’affronter pour m’annoncer votre amour. Je n’ai aucune raison de t’en vouloir. Aujourd’hui même, je peux dire que je te dois beaucoup, dont mon bonheur actuel !
- Ouais, mais l’ami qui pique la femme de l’autre, c’est assez boulevard. Ça doit jaser sec dans les chaumières aujourd’hui, après qu’ils t’aient vu arriver !
- Ne t’occupe pas des autres. D’ailleurs, tu n’étais pas à proprement parler mon ami. C’est ton frère qui est mon collègue et ami. Même si je t’aime bien aussi, j’entends ! Rends Suzy heureuse, c’est tout ce que je te demande.
- N’empêche que c’est zarbi cette situation…
- Elle était également spéciale avant. Tu le sais bien.
- J’ai parfois l’impression de m’être attaqué à une partition trop difficile à jouer pour moi…
- Allons… Ne joue pas… le modeste !


Je le regarde un moment en silence. C’est vrai que nous ne lui avons pas fait un cadeau facile à ce type. Un môme, presque. Il a quoi ? Cinq ans de moins que moi. Ça compte, dans cette tranche d’âge. Il n’y a pas si longtemps, il faisait partie de ces jeunes de moins de trente ans. Dans pas plus longtemps, j’entrerai dans le lot des quadras. Bouffée d’angoisse. « Le bel âge » pour les hommes qu’ils disent… Engagez-vous, rengagez-vous dans la Marine Marchande… Tu parles !
Il a eu un sacré cran, le môme. Ce ne devait pas être si facile que ça de tomber amoureux d’une femme mariée, avec trois gosses.
Il a bien manœuvré, c’est sûr. Il a pris son temps. Toujours là quand on avait besoin de lui. Il ne demandait rien. Il ne cherchait même pas à jouer de son physique. Il aurait pu… Comment ça, ça aurait été prendre le risque de plaire au mari avant la femme ? C’est vrai. Il me plaisait un peu. Enfin, assez… Mais son frère m’avait vite mis au parfum. Pas pour moi le rugbyman ! Il avait raison.


J’aime beaucoup Olivier. C’était l’un de mes plus proches collaborateurs lorsque je dirigeais la société d’ingénierie. Quand j’ai démissionné pour me mettre à mon compte, il a naturellement pris ma suite. Et nous avons été encore plus proches. Il n’était pas rare qu’il m’appelle pour me demander mon avis, comment j’aurais réagit face à tel ou tel problème. Nous déjeunions souvent ensemble. C’est à ce moment là que je lui ai confié la réalité de ce que j’étais et de ce que je vivais. Du merveilleux niveau de confiance qui nous unissait, Suzy et moi. Nous sommes devenus de plus en plus intimes. Le fait qu’il n’était pas du tout mon genre d’homme a sans doute facilité le développement de notre amitié. Nos couples se sont vus de plus en plus souvent. Nos femmes ont étonnamment sympathisé à leur tour. Je dis étonnamment, parce qu’entre mon intello enseignante et militante d’épouse et son artiste faussement futile, nous avions eu quelques craintes, avant leur rencontre. Mais Aline est tellement subtile et sensible, et beaucoup plus fine psychologue que je ne l’avais perçu dans un premier temps. Après m’avoir demandé mon accord, « ce sera tellement plus simple ! », il lui avait révélé la réalité de mon vécu. J’avais été surpris et quelque peu suspicieux quand elle lui avait alors dit : « Je m’en doutais ».
Et puis je n’avais pas percuté sur le fait que Suzy adorait la musique. Alors la rencontre avec une violoncelliste professionnelle était devenue une évidence. Il avait suffit d’assister à l’un des concerts de son orchestre. Elles étaient devenues inséparables.

C’est au cours de vacances prises en commun chez moi, à Mi-mizan, un petit village de la côte landaise, que son jeune frère Nicolas s’était joint à nous. Il avait le moral à zéro après la rupture mouvementée et douloureuse d’avec sa jeune compagne. Ils étaient ensemble depuis, je crois, plus de trois ans. Une lamentable histoire de coucherie. Sordide même. Bref. Comme quoi un super beau mec n’est pas à l’abri de cornes !
J’ai voulu dédramatiser la situation en lui montrant que tout n’est pas toujours rose et idyllique dans un couple. Je lui ai parlé de moi. Je me suis longuement confié, lui ai dit ma profonde admiration pour ma femme qui affrontait cet état de fait avec la volonté farouche de construire notre bonheur, envers et contre tout. « Je t’aime pour ce que tu es, et non pas pour ce que je voudrais que tu sois… ». Cette phrase d’elle que je lui citais l’a profondément troublé. Et j’étais troublé de le voir autant troublé. C’est à ce moment là qu’Olivier avait cru bon de me mettre en garde :

- Ne te prends pas à rêver, Al. Je connais mon frangin, il ne va pas virer sa cuti sur un quelconque chagrin, aussi violent soit-il ! C’est un pur, un dur ! J’en suis sûr, il va très vite rebondir… Prends-le pour ami, n’en espère pas autre chose. S’il te plait.


J’entendais et écoutais Olivier. D’autant que c’était bien la première fois qu’il me disait autant de choses personnelles en aussi peu de temps. Je mesurais son émoi. Et prenais conscience de ma rêverie ridicule.
Je m’attachais donc à n’être que le deuxième grand frère. Quelques jours plus tard, une nouvelle longue et intime conversation nous absorbait. J’aurais pu me méfier. Ou, plus justement, me montrer davantage clairvoyant.

- Il y a un truc qui me gêne, Al, dans tout ce que tu me dis…
- Vas-y, je t’écoute ?
- Tu parles de couple libéré. Du besoin de l’un comme de l’autre d’avoir un « jardin secret ». Du respect de la vie privée et intime de chacun des deux. De confiance, et du fait qu’il n’y a de tromperie que dans le mensonge. Que l’amour a besoin de sexe, mais que le sexe n’implique pas obligatoirement l’amour… C’est ça ?
- Oui, je confirme. Je dis bien l’Amour avec un grand « A »… La difficulté vient, entre autre, que dans notre parler courant, baiser et aimer utilisent la même expression : « Faire l’amour »…. Mais je dis parfois que l’on ne fait pas l’amour. On le vit. Sinon, on « baise », on « nique », on « se vide les burnes »… Ou toute autre expression que tu veux.
- Ok… Et tu dis que toi, tu ne fais que baiser, que tu n’as jamais aimé, je dis bien, aimé, l’un de tes partenaires ?
- Pas depuis que je suis avec Suzy, non. Je n’ai jamais laissé l’amour s’installer. Parce que je ne crois pas vraiment au coup de foudre, tu sais. L’Amour, ça se construit. Et je n’ai jamais accepté de dépasser la pose de la première pierre.


Nous nous étions confortablement installés un peu à l’écart sur la dune, profitant béatement du soleil. Un peu plus bas, les deux femmes se font des confidences et rient aux éclats. Elles sont à plat ventre, le soutien-gorge détaché, pour faciliter le bronzage. Dans les vagues, Olivier joue avec les enfants. Il fait penser à un animateur, avec les cinq qui piaillent autour de lui.

- Ok, ok… J’ai bien compris… Et tu penses qu’aucun de tes partenaires n’a, lui, été amoureux de toi… Amoureux, vraiment mordu, quoi !
- Ça…
- Ça… Je réponds pour toi, Al… Ça, tu t’en fous. C’est son pro-blème au mec n’est-ce pas ? Il peut crever la gueule dans le ruisseau le mec ! Du moment que toi tu as pu prendre ton pied ! Egoïste, Al, tu es un putain d’égoïste !
- Hé, tu ne vas pas m’engueuler, non ? Ouais, je sais, Nico. Ce n’est pas la première fois que je rencontre ce genre de raisonnement ! Un bon copain, un jour, m’a même violemment accusé d’avoir fait souffrir des dizaines et des dizaines de gugusses. Parce que c’était de ma faute aussi de plaire assez facilement ! Putain, Nico, toi aussi, avec ta belle petite gueule et ton splendide corps d’athlète, tu as dû en faire souffrir des dizaines et des dizaines de petites nanas. Et quelques femmes mariées, aussi, sans doute… Et peut-être bien également quelques mecs… Et tu serais responsable de ce qu’elles ou ils se fourrent dans le crâne ? Alors que le plus souvent tu en ignores les tenants et les aboutissants ?
- … …
- Je ne peux pas penser à la place de celui qui est en face de moi ! Je m’attache à être le plus honnête possible. Je n’ai ja-mais fait de promesse mensongère pour aboutir à mes fins. Quand l’aventure dépasse la vulgaire partie de jambes en l’air dans les bosquets d’un chemin creux (oui, ça marche comme ça aussi, tu le sais bien !), quand on dépasse le stade d’échanger nos prénoms, je pose toujours cartes sur table. Je suis marié et père de famille. L’autre le sait. Si nous allons au-delà, c’est à ses risques et périls. Pas aux miens !
- C’est à prendre ou à laisser… Un peu facile, non ?
- La vie est toujours dans le « à prendre ou à laisser ». Ou dans les choix difficiles, comme tu veux. Qui a dit « Choisir, c’est mourir un peu. » ?
- Gide, je crois.


Il m’énerve, ce petit con. Quelle idée aussi, d’accepter de nous iso-ler tous les deux ! Presque à poil, en plus. Fallait que je me calme, sinon, ce n’était pas ce ridicule petit bout de chiffon qui me servait de maillot de bain qui pourrait longtemps cacher mon trouble ! Faut dire qu’il est drôlement craquant, le petit rugbyman… enfin, petit… Un bon troisième ligne quand même. En taille, je ne dois pas le dé-passer de beaucoup. Quant à la carrure… Boudiou… La totale. Des pecs bien dessinés, des épaules puissantes, un ventre… Ouille ouille ouille… et une taille incroyablement étroite ! Outre le sport, son boulot de machino, très physique, lui permet de garder ce corps de rêve… Comment a-t-elle pu laisser échapper tout ça, son ex ? Et j’ai cru comprendre pour un mec de la cinquantaine ? Le pognon… Lamentable !

- Mmm… Moi aussi, j’ai été amené à faire des choix difficiles. Et pardonne cet égoïsme, c’est d’abord les choix qui me sont posés qui éveillent mon attention. Tu crois que ça ne m’est pas arrivé de flasher sur un bel éphèbe, ou un jeune étudiant au point de me sentir perdre pied ? Mais les décisions n’ont jamais été longues à prendre. Rien ne peut avoir plus d’importance que Suzy et les enfants.
- Bon, ok, j’ai mes réponses… Pour le moment… Mais…
- Mais ?...
- Ce que tu t’autorises si facilement, tu accepterais que Suzy se le permette ?
- Ah, oui… C’est vrai. Sacro sainte règle de la réciprocité…
- Et pourquoi ne tiendrait-elle pas le même discours ?
- Je vais te surprendre, Nico. Je ne suis pas du tout jaloux. Je n’ai jamais été capable de l’être. Je dis bien : je n’en suis pas capable. Et je considère ce trait de caractère comme un handicap. La plupart des gens pensent qu’on n’aime pas vraiment, si l’on n’est pas un minimum jaloux !
- Suzy est donc libre de faire ce qu’elle veut ?
- Elle n’a pas à être libre ou empêchée. Suzy EST. Et je l’aime et la respecte telle qu’elle est. Mais pour répondre à ta question, non, elle n’applique pas du tout mon raisonnement à son avantage. Elle ne m’a jamais « trompé », puisque c’est le terme consacré…
- Comment peux-tu être aussi affirmatif ?
- Simplement parce que, si elle avait eu une aventure, je le saurais. Elle me l’aurait dit.
- Tu as une confiance totale en elle ?
- Totale. Inconditionnelle, si tu veux. Mais, en plus, et je suis bien conscient que ce que je dis pourrait être perçu comme effroyablement prétentieux, elle ne vit que par, et pour moi. Figures-toi que parfois c’est même lourd, très lourd à porter !
- Pauvre « non-cocu » !
- Pardonne-moi. C’est encore de l’égoïsme de te dire ça après ce que tu viens de vivre. Mais je t’assure que c’est vrai. Elle ne vit vraiment que quand je rentre à la maison. Et parfois c’est très pesant de se sentir toujours, continuellement attendu. J’avais imaginé qu’avec les enfants elle aurait autre chose à penser. Même pas… Tu sais… L’amour passion, c’est parfois, aussi, l’amour prison !
- Donc, finalement, tu ne serais pas choqué qu’elle prenne un amant ?


Il me chauffait à parler d’amant ! Tiens, valait mieux que je me mette sur le ventre moi aussi. Pas pour des problèmes de soutien-gorge… Et puis, c’était vrai, il chauffait bien, l’autre, là haut… Pris entre deux feux, en quelque sorte !

- Attends… Ce n’est pas tout à fait ce que j’ai dit… Il y a une différence énorme me semble-t-il entre avoir une aventure et « prendre » un amant ! S’il lui arrivait de craquer devant le charme irrésistible d’un homme hors du commun (il faudrait qu’il soit mieux que moi, tu te rends compte ?), de quel droit aurais-je la prétention de m’y opposer ? Mais je crains fort que ce surhomme ne soit pas encore né… Et comme elle est plutôt sensible au charme des hommes un peu plus vieux qu’elle…
Bah, et puis c’est encore une de mes idées farfelues, mais je considère que le concept de fidélité n’a été inventé par les mâles que pour leur garantir la certitude que leur label « paternité » s’appliquait bien à leur progéniture ! C’est l’utérus qu’ils protégeaient ainsi. Pas leur honneur ! La preuve, c’est qu’ils n’appliquaient généralement pas ce concept à leur propre personne… En conclusion, aventure, ce serait son choix. A elle. Et je le respecterais. Totalement.
- Ok… Mais si par hasard elle tombait vraiment amoureuse d’un autre ?
- …
- …
- Sans hésiter, je m’effacerais devant sa décision. Sans me poser la question des souffrances que je pourrais éprouver. Son bonheur à elle seule, compte pour moi. Et puis elle ne pourra jamais donner à un autre autant qu’elle m’a donné à moi. Je lui dois tout ce que je suis.
- … … Je vous admire. Vraiment. Je vous admire !



Il n’y avait pas de quoi. Je venais de me comporter en connard borné et prétentieux. Je m’étais enivré de mes belles paroles et de mes beaux concepts. J’étais fier de mon raisonnement. Donc je ne pouvais qu’avoir raison. Je ne voyais même pas qu’un putain de beau mec – que je trouvais irrésistible – était littéralement tombé en extase devant ma très belle épouse… Si ce n’est pas de l’aveuglement, ça…

A la fin des vacances, Suzy me parlait de lui en le trouvant « char-mant ». Quelques semaines après, comme je ne pouvais vraiment pas me libérer de contraintes professionnelles, il était venu l’aider à déménager sa classe et il était devenu « adorable ». A Noël, à l’occasion du sapin de l’école ils se sont de nouveau revus, et elle a « craqué »… J’étais à fond dans le boulot. Une ou deux fois par la suite elle a fait allusion au fait qu’ils « s’étaient revus ». Je n’ai rien trouvé de mieux à dire que « C’est bien… C’est bien. Il te tient compagnie au moins ! ».
Un week-end pendant les vacances de Pâques, Nicolas a voulu me parler et est venu me voir. Je ne l’avais pas revu depuis l’été. Je l’ai trouvé encore plus beau qu’alors, mais pâle ! Etonnamment pâle. Il venait m’annoncer qu’il avait l’intention de demander à Suzy de venir vivre avec lui. Avec les enfants. Si elle voulait.

C’est con, je suis un gros con. Je suis tombé sur le cul.
Après les quelques quarts d’heures qu’il m’a fallu avant de pouvoir dire de nouveau quelle était la couleur du ciel, j’ai pris je pense la seule bonne décision possible. Je lui ai dit que si elle acceptait, c’est moi qui partirais. Il valait mieux qu’elle garde la maison, pour les enfants. A l’été suivant, j’achetais ce petit appartement du centre ville. Jusqu’à mon départ, je me suis montré le plus discret possible vis-à-vis d’eux. De toute façon, le boulot ne me laissait pas d’autre choix. Il y a un an. Bientôt jour pour jour.
De temps en temps, je viens passer un samedi ou un dimanche ici. Pour les enfants. Habituellement, Nicolas n’est pas là. Comme beaucoup d’intermittents du spectacle, il est souvent pris en fin de semaine par des manifestations en province.
Les enfants semblent plutôt bien supporter la situation. Il est vrai qu’ils ne me voient guère moins qu’avant ! En somme, ils ont deux papas. Et un grand frère. Domi.

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