mardi 29 avril 2008

PROLOGUE

Dans la première introduction, que j’intitulais pompeusement « PROLOGUE », j’annonçais d’entrée :

« Je ne suis pas écrivain. Je ne suis pas davantage écrivaillon… Les circonstances, la vie, m’amènent à entreprendre cette étrange aventure : essayer de construire une histoire. Entreprise ludique, personnelle, sans intérêt et sans but, si ce n’est celui de remplir une lourde tranche de temps vide et sans objectif. Ne penser à rien, si ce n’est à construire une histoire plus ou moins vraisemblable, au fur et à mesure que je l’inventerai de toute pièce. Acte gratuit. »

Je ne me complaisais pas dans un effet de manches ! Je pensais, sincèrement, me lancer dans une aventure ludique, sans grand intérêt pour moi, si ce n’était, effectivement, celui de m’obliger à une occupation, sans aucun intérêt pour un éventuel lecteur.
J’enfonçais davantage le clou en précisant :

« Je n’aime pas ma façon d’écrire. Je n’aime pas mon style. Jusqu’à récemment, je n’étais pas capable de remplir plus de trois ou quatre pages d’idées ou de considérations, de considérations sans idées ou d’idées sans cohérence. Hors les rapports ou dossiers que mes obligations professionnelles me contraignaient à produire. Le plus souvent dans la douleur. Toujours dans le doute… …

… … Je n’ai pas l’âme d’un poète. Je ne suis pas observateur. Je ne sais pas décrire les choses, les paysages, les mouvements de foule. Je parviens à décrire les corps, surtout ceux que j’aime, les attitudes, parfois les sentiments. Me voici avec un nombre d’outils bien limité. Peut-être vais-je aimer ce challenge. Et je n’ai rien à perdre, ni à gagner. »

C’était sans compter avec le piège d’un besoin irréfléchi, incontrôlé, que tout homme a, je le crois, au plus profond de lui-même : celui de créer. Mille et un blocages, interdits sociaux ou moraux, complexes ou culpabilités, empêchent ces éclosions. Mais si, par un concours de circonstances il devient possible de dépasser tous ces tabous…
J’ai commencé à écrire par défi.
Je ne suis pas capable de dire quand j’ai été pris à mon propre jeu. Mai j’ai été pris. Avalé. Bouffé. J’ai passé des heures en laissant courir mes doigts sur le clavier, les yeux rivés sur les caractères lumineux qui se juxtaposaient comme par enchantement. J’ai oublié de manger. J’ai oublié de dormir. Je me suis parfois relevé la nuit pour corriger une idée, pour insuffler un rythme qui brutalement me devenait une évidence prioritaire et urgente.
Je me suis beaucoup amusé. Je peux même dire que j’ai pris énor-mément de plaisir à jouer avec les mots, avec les situations. Bien entendu, j’ai parfois souffert. Parfois intensément. Mais seulement comme on peut souffrir pendant un effort physique pour arracher une performance qui nous nargue depuis des semaines.
Je n’ai pas le droit de parler de douleur.

Et soudain le mot imaginé, incertain, inaccessible, s’est imposé : FIN.

Pour la première fois de ma –déjà- longue vie, j’ai regardé le résul-tat avec une certaine complaisance. Même pas eu envie de faire la combinaison de touches « Shift / Del » qui, tant de fois jusqu’à pré-sent, concluait la relecture de mes petites productions !

Maintenant, je dois vaincre un autre tabou : soumettre le produit fini à des yeux extérieurs. A une intelligence critique. A d’éventuels lec-teurs. A UN éventuel lecteur. Je reste modeste.
L’expérience de l’édition sur un blog s’est avérée un cuisant échec. Ce genre d’outils, la toile en général, d’évidence ne supporte pas les textes longs. Dont acte.

Quelqu’un acceptera-t-il de perdre un peu de temps à me lire ?






« Il y a la page blanche et il faut la couvrir, centimètre par
centimètre, de la chair froide des mots. De cet absolu cadavérique, assassin et vulgaire.
Enduire cette page de certitude et de sens. »
Cyril Collard.

5 commentaires:

Elle a dit…

Bienvenue à toi (avec un peu de retard), je file lire la suite!

Unknown a dit…

Bonjour Al,

Bon courage, compagnon de doute. A peu près dans la même situation que toi, je n'ai toujours pas franchi le pas. Je n'arrive à faire lire ce que j'écris - qui n'est pas professionnel, bien sûr - d'un peu littéraire.

Je lis tout ça, et je reviens en parler ici.

a+

Christophe Sanchez a dit…

Je lis le prologue et apprécie l'écriture quoi que l'auteur dise sur sa prétendue maladresse d'écrivain...
je vais également lire la suite ...

:-)

Boby a dit…

@ Christophe,
Bienvenue à toi, Christophe inconnu... J'attends d'avoir l'occasion de te lire...
"prétendue maladresse" ? Non, non...
Plus modestement doute qui me taraude, encore maintenant, surtout maintenant, après avoir dépassé la moitié de l'exercice...

detoutderien a dit…

un blog est rarement une aventure "solitaire", ou alors c'est triste...

bon je continue à lire