lundi 25 août 2008

La vie continue... (2)

.../...


Suzy s’arrête, et me fait face. Elle me regarde, ébauche un maigre sourire, caresse ma joue d’un geste tendre et bouleversant…

- Ce que nous allons faire ? La vie continue, Al, c’est tout…
- Je m’attendais à ce que tu dises cela. Dès ce matin, j’ai compris que tu avais pris ta décision… Mais quand même !...
- Quand même ?
- Quand même, je voudrais comprendre. Comprendre comment tu peux écarter si froidement cette nuit que nous venons de vivre. Où nous avons retrouvé intacts nos amours, l’un et l’autre… Ne dis pas non ! … Comprendre enfin où est-ce que j’ai pêché ? Quelles fautes j’ai commises pour que tu t’éloignes ainsi de moi ?… Nous n’en avons jamais parlé en fait… Quand je me suis senti de trop, je suis parti, comme je te l’avais promis… Mais je n’ai rien compris…
- Tu n’as rien compris ? Vraiment ? Oh, Al… J’ai été tellement reconnaissante que tu ne cherches pas à rendre les choses compliquées… Pas maintenant !...
- Non, non ! Je vais me retirer, sans bruit… Sans histoire… Je t’aime trop pour te faire le moindre mal. Mais j’aimerais comprendre là, avant que Nico ne revienne entre nous… Je ne t’ai jamais trahi. Comme j’en avais fait le serment, je n’ai jamais ouvert mon âme à qui que ce soit d’autre que toi… Domi l’entrouvre maintenant, petit à petit. Péniblement… Et je ne pensais vraiment pas que mes petites aventures ridicules …
- Mais ce ne sont pas tes aventures qui m’ont éloigné de toi, Al ! Absolument pas ! J’ai toujours voulu, et je peux dire je crois, toujours respecté ta « double vie »… Disons ton jardin secret, si tu préfères…
- Alors ? Je ne comprends pas ! Je comprends de moins en moins !
- Ce n’est pas ta double vie, Al, qui a progressivement mis en charpie cet amour pour toi que je croyais indéfectible… C’est que petit à petit, tu n’as plus eu de double vie… Justement…
- Je ne comprends plus…
- J’ai passé ma vie à t’attendre, Al…
- Mais tu mélanges tout ! J’ai été très pris par le travail, tu le sais bien ! Je ne faisais quand même pas que des galipettes, quand je n’étais pas à la maison !
- C’est toi, là encore, qui parles de galipettes, pas moi ! Je te le redis, tes rencontres à l’extérieur ne regardaient que toi, et toi seul. Je ne t’ai jamais fait une réflexion à ce sujet ! Je t’attendais, c’est tout. Même quand tu étais près de moi, je t’attendais… Que ce soit à cause du travail, à cause de coups durs au bureau ou chez un client, à cause d’amis rencontrés autour d’un bon repas, à cause d’une partie de jambes en l’air, ou à cause d’inquiétudes qui envoyaient ton esprit ailleurs au lieu de rester auprès de moi, ça ne changeait pas beaucoup pour moi : je t’attendais… Les enfants t’attendaient… Et je leur disais quoi, moi, quand ils me demandaient « Il revient quand, Papa ? »…
- Que j’étais retenu par mon travail, simplement…
- Oui, le travail, toujours le travail. Ils en avaient raz la casquette du travail, les enfants. Et moi aussi… Mais ce n’est pas le plus grave…
- ... Explique !
- S’il fallait t’attendre, nous t’attendions. Avec la joie de penser : « Il va bientôt arriver ! ». Mais souvent, trop souvent, tu n’arrivais pas. Le pire, Al, c’est que nous ne pouvions jamais compter sur toi. Je ne pouvais jamais donner quelque crédit à tes promesses. Nous ne savions jamais quand tu arriverais, si tu allais arriver… Combien de fois le soir ai-je fait patienter les enfants en jouant ou en leur lisant une histoire, pour au bout du compte les coucher trop tard, sans qu’ils t’aient vu… Et Nadège qui ne parvenait pas à s’endormir tant que tu n’étais pas venu lui faire le baiser du soir…
- Tu dresses un tableau très noir, là !
- Ah, non ! Ne viens pas dire maintenant que je ne te l’ai jamais dit ! Toutes nos conversations difficiles, je ne peux même pas parler de disputes, non, toutes ont été autour de ce thème… Je ne savais plus comment te le dire.

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