Sauf que là… Je sens la pulsion de Suzy se retirer. Oh, je la connais bien, et je sais ses limites. A cet instant, le plaisir lui échappe, et elle est en train de s’acharner pour me conduire, moi, au paroxysme… Je la connais bien… Déjà elle n’est plus suffisamment humide… Je la bloque dans mes bras pour interrompre la chevauchée fantastique, et doucement, je nous fais basculer pour me retrouver au dessus d’elle. Nous nous comprenons si bien au lit. Elle me voit venir. Elle enlace mon cou et me murmure à l’oreille : « Non, toi ! Toi, prends ton plaisir ! »…
Je la regarde, lui souris, vole un petit baiser avant de me laisser glisser le long de son corps, en embrassant et suçotant chaque millimètre de peau que ma bouche rencontre… Enfin, j’évite le clitoris trop exacerbé, et je viens jouer avec les petites lèvres que je mordille et lisse de ma langue. J’introduis cette dernière à l’orée de la caverne, là où la muqueuse est sensuellement granuleuse. En relevant ses jambes, je cajole et exaspère sa corolle et ma langue tente une introduction... Puis je remonte de nouveau vers la douceur originelle... Mes doigts prennent vite le relais pour masser le conduit et s’imprégner de la lubrification. Une fois ainsi graissé, mon majeur reprend le chemin abandonné par ma langue, je la doigte tout en douceur. L’index a rejoint le conduit à la recherche du point « G », et les deux doigts, en ciseaux, pincent et travaillent la fine et fragile paroi qui sépare les deux conduits...
La tension a été détournée. Je peux reprendre la progression... Mes doigts continuent leur œuvre, pendant que mes lèvres retrouvent le chemin du clitoris. Mes sucions, mes léchouilles, mes excitations multiples, mon index s’attardant sur le point crucial, je sens rapidement la modification de sa respiration... Ses apnées se font plus fréquentes... Ses gémissements sont étouffés par un coin entier du drap qu’elle mord pour ne pas perturber le sommeil des enfants...
Suzy m’attire vers elle. « Viens, viens... Maintenant... » Je retourne prendre ses lèvres…
Le plaisir nous plonge dans un profond silence pendant de longues minutes…
Epuisée, elle vient se blottir dans le creux de mon cou et de mon épaule. Sa tête a sa place, là.
De longues, longues minutes. Et enfin, dans un souffle : « Al, qu’allons-nous devenir maintenant ?... »
Je suis bien incapable de répondre. Je n’ai pas pris le temps d’y réfléchir. Je ne me suis pas posé de question. Je l’aime. Ces jours derniers, plus je percevais sa détresse, et plus j’avais envie d’elle. Lui faire l’amour pour tout effacer. Comme chaque fois que nous avions rencontré une difficulté. Rien ne pouvait nous résister lorsque nous avions touché ainsi du doigt la puissance de notre amour.
Maintenant. Maintenant, oui, je commence à mesurer la portée de notre folie. Dominique. Un vent de panique m’envahit à l’idée que je puisse le perdre. Non ! Je l’aime ! Je l’aime trop ! Je l’aime, lui aussi… J’ai besoin de ses rires, de sa fraîcheur, de son enthousiasme, de son amour inconditionnel… De son corps aussi. L’image de son torse puissant et musclé, où le plus petit des muscles frémit lorsqu’il fait le moindre effort, de son fessier si ferme, avec une adorable fossette sur chacun de ses lobes, de son sexe toujours prêt, toujours offert, tendre ou agressif, conquérant ou docile… Ces images qui se superposent au corps ferme et soyeux de Suzy, langoureusement abandonné après m’avoir donné des plaisirs tellement intenses… Choisir… Choisir ? Mais pourquoi diable faudrait-il choisir ?
- Je ne sais pas ma chérie. Je ne sais pas. Là, en cet instant, tu viens de me montrer que tu m’aimes toujours. Moi, je n’ai jamais douté de mon propre amour. Et puis il y a ta vie. Il y a Nico. Cet amour passion qui vous unit, qui crève l’écran… Et puis il y a Domi. Cet amour improbable, cet amour impossible qui me remplit et me ravit. J’ai peur de le perdre… Je ne sais pas chérie. Je voudrais tout, et j’ai peur de tout perdre… Comme toi sans doute.
- … …
- Putain, c’est beau les principes ! Quand on n’est pas confronté à leur mise en application !
- Je suis un principe ? Un beau principe ?...
- Chérie, tu es une preuve… Une merveilleusement preuve matérielle que la liberté est plus facile à énoncer qu’à mettre en pratique… Couple libéré… Que je disais…
- Je détruirai Nico si je le quitte… Tu sais, il est beaucoup plus fragile qu’il ne le paraît…
- Je ne veux pas réfléchir et me torturer ce soir. Tu es là. Nous sommes là. Je veux profiter et vivre pleinement cette nuit… Demain sera un autre jour. Nous verrons.
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