lundi 5 mai 2008

Retour dans la famille



Je dois sourire un peu bêtement. Je suis bien là, assis dans ce fauteuil confortable, que j’affectionnais particulièrement. Suzy me fait face, sur le canapé, souriante elle aussi. Elle est splendide. L’amour lui réussit. D’un ample et harmonieux mouvement de tête elle rejette ses longs cheveux derrière ses épaules.

- C’est vraiment dommage que Domi n’ait pas pu venir avec toi. Les enfants l’aiment beaucoup tu sais. Mais c’est bien décidé, vous vous installez ensemble ?
- Oui, oui… J’avais oublié que c’est l’anniversaire de son père aujourd’hui, sinon, je t’aurais proposé une autre date. Et il compte leur annoncer, pour nous, au cours de cette journée.
- Tu vas garder cet appartement ?
- On ne sait pas encore. Lorsque je l’ai pris quand nous nous sommes séparés, je pensais qu’il serait largement suffisant pour un début… Je ne pouvais pas imaginer que les choses iraient aussi vite ! Il manque une pièce. Le bureau et l’ordi sont dans la chambre, avec mes horaires décalés, c’est gênant pour moi de travailler quand Domi cherche à s’endormir…
- Vous pourriez l’installer dans la pièce à vivre…
- Avec la cuisine américaine je n’y tiens pas trop. Les vapeurs de cuisine ne sont pas très compatibles avec le matériel électronique !
- Exact… Bah ! Vous allez bien trouver une solution !


Tout en parlant, je me suis de plus en plus penché vers elle, parlant tout doucement, comme si nous nous faisions des confidences. Je suis bien là. C’est dingue que je sois aussi bien. Comme si je n’étais jamais parti…
Nicolas, qui était debout derrière le canapé, ses avant-bras appuyés sur le dossier s’est redressé. Très naturellement, il a posé sa main droite sur l’épaule de Suzy, avec un adorable petit air protecteur… Je regarde la scène et souris plus franchement. Mon ex femme lit aussitôt dans mes pensées. Elle pose sa main gauche sur celle de Nico après l’avoir gentiment tapotée. J’adore ces non-dits… D’un geste, « Mais oui mon chéri c’est toi le plus beau, le bien-aimé », et « Hé ! Oui, mon pauvre Al, ne l’oublie pas, tu es hors-jeu, ce n’est plus toi que j’aime »…
Je me redresse et me cale de nouveau dans le fauteuil quand les enfants appellent :

- Maman, on a fini, tu viens ?


Suzy, comme toujours, réagit promptement. Avec vivacité elle zigzague entre les fauteuils et la table basse, pirouette pour le plaisir de sentir flotter sa jupe longue autour de sa taille si fine…

- J’arrive mes chéris !


Oui, oui, Suzy, j’ai vu que tu avais mis une jupe aujourd’hui. Petit clin d’œil nostalgique ? Bah ! Voilà que je ramène tout à moi. Nico aussi, peut-être, aime bien la voir en jupe… En tout les cas, voici une belle opportunité pour échanger quelques mots avec ce charmant jeune homme qui semble quelque peu mal à l’aise dans la situation présente.

Aucun commentaire: