mardi 6 mai 2008

- Alors Nicolas, mes enfants ne t’en font pas trop voir ?...
- Non, pas du tout ! Ils sont vraiment adorables, et en plus Suzy s’occupe de presque tout.
- Allez, profitons de ce petit moment de tête à tête. Tu ne me sembles pas très à l’aise aujourd’hui ?
- Oh ! Vous êtes très gentils tous les deux…
Mais la situation est particulière, reconnais-le… C’est la première fois que tu reviens ici alors que j’y suis.
- Question de hasard. Avec ton job, tu es souvent absent quand moi je suis libre. Je suis content que ça se passe comme ça aujourd’hui. Ben, quoi ? Tu nous connais bien tous les deux, non ?
- C’est une pique ?
- Mais arrête d’être sur la défensive ! Je te l’ai dit il y a un an, quand tu es venu m’affronter pour m’annoncer votre amour. Je n’ai aucune raison de t’en vouloir. Aujourd’hui même, je peux dire que je te dois beaucoup, dont mon bonheur actuel !
- Ouais, mais l’ami qui pique la femme de l’autre, c’est assez boulevard. Ça doit jaser sec dans les chaumières aujourd’hui, après qu’ils t’aient vu arriver !
- Ne t’occupe pas des autres. D’ailleurs, tu n’étais pas à proprement parler mon ami. C’est ton frère qui est mon collègue et ami. Même si je t’aime bien aussi, j’entends… Rends Suzy heureuse, c’est tout ce que je te demande.
- N’empêche que c’est zarbi cette situation…
- Elle était également spéciale avant. Tu le sais bien.
- J’ai parfois l’impression de m’être attaqué à une partition trop difficile à jouer pour moi…
- Allons… Ne joue pas… le modeste…



Je le regarde un moment en silence. C’est vrai que nous ne lui avons pas fait un cadeau facile à ce type. Un môme, presque. Il a quoi ? Cinq ans de moins que moi. Ça compte, dans cette tranche d’âge. Il n’y a pas si longtemps, il faisait partie de ces jeunes de moins de trente ans. Dans pas plus longtemps, j’entrerai dans le lot des quadras… Bouffée d’angoisse. « Le bel âge » pour les hommes qu’ils disent… Engagez-vous, rengagez-vous dans la Marine Marchande… Tu parles…
Il a eu un sacré cran, le môme. Ce ne devait pas être si facile que ça de tomber amoureux d’une femme mariée, avec trois gosses.
Il a bien manœuvré, c’est sûr. Il a pris son temps. Toujours là quand on avait besoin de lui. Il ne demandait rien. Il ne cherchait même pas à jouer de son physique. Il aurait pu… Comment ça, ça aurait été prendre le risque de plaire au mari avant la femme ? C’est vrai. Il me plaisait un peu. Enfin, assez… Mais son frère m’avait vite mis au parfum. Pas pour moi le rugbyman… Il avait raison.

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