dimanche 1 février 2009

Chap V Un couple comme les autres





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Dominique lisait un livre couché sur le lit. « XY, de l’identité mascu-line » d’Elisabeth Badinter. Il l’a trouvé sur mes étagères de la thématique homosexualité. Depuis que nous sommes ensemble, il les dévore tous les uns après les autres. Cyril Collard succède à Jean-Louis Bory, Yves Navarre ouvre la voie à Roger Peyrefitte, Jean-Luc Henning précède Dominique Fernandez… C’est ce que j’appelle le mélange des genres. Dire que j’avais pré supposé au début qu’il ne s’intéressait qu’au sport. Ah ! Les clichés ont la vie dure avec moi ! Professeur de gymnastique dans un collège difficile, je l’ai découvert prodigieusement cultivé, amateur de littérature et de cinéma. Il me presse comme un citron pour se désaltérer de mes maigres connaissances. Il n’y a que l’informatique, qu’il m’abandonne bien volontiers. J’ai quand même pu lui faire ouvrir une boîte e-mail, et lui faire lire quelques uns de mes textes. Je ne les imprime jamais. Pas plus.
Il s’est levé dès qu’il a entendu la porte. Il vient vers moi, avenant, souriant, paisible. Il se blottit quelques secondes dans mes bras, sa joue contre ma joue. Je prends une longue aspiration. Bonheur de rentrer chez soi et d’être attendu. Il s’écarte tout aussi vite, tout sourire dépose deux, trois baisers sur mes lèvres entrouvertes.

- Tu vas bien prendre quelque chose avant que l’on se couche ?


Je sais bien qu’il a envie de raconter… Je suis également impatient qu’il me parle de la réaction de ses parents ! Et puis, il commence à me connaître. Me coucher sans un dernier petit café… Quelque chose ne tournerait pas rond.

- Ben tiens ! Petit café, petite clope… Je ne vais pas déroger sous prétexte qu’il est tard !
- Oh ! Toi ! … Ce sera un tour de parc de plus demain matin ! Je vais te les faire cracher, moi, tes ronds de fumée !


Je ris. « Allez, viens me raconter… Tu as souffert ? » Le café est prêt, au chaud. Il a dû appuyer sur le bouton en reconnaissant le moteur de la voiture. La cafetière lâche ses derniers gargouillis. Je me sers un mazagran et vais m’installer confortablement dans le canapé. Domi fait le détour par la chambre pour éteindre la lumière. Respect de la planète.

- Pas deux minutes de stress ! Comme toujours, j’ai été accueilli comme l’enfant prodigue. Par eux, par Thomas. Et sa nouvelle copine…
- Ton frère était là ? Un samedi ! Pas en train de cavaler comme d’habitude ? Dis donc, ton père peut être flatté !
- Quand même, l’anniversaire du paternel ! Mais il avait amené sa conquête du moment ! Une petite brunette pleine de malice. Sympa la nana…
- Bon, allez, on parlera de ton frère après. Tu as choisi quel moment pour leur parler ?
- J’ai rien choisi du tout ! La première heure a été un vrai tourbillon ! Thomas était hyper excité, il semble super heureux, je ne l’avais jamais vu comme ça !
- Attends… Il respire la joie de vivre ce môme ! Comment crois-tu qu’une petite boule courte sur patte avec son énorme ti-gnasse bouclée, accumule les succès féminins comme il le fait ? Par l’humour et la dérision. Il les fait toutes craquer !
- Oui, mais là justement… Il ne parlait pas beaucoup… Il riait aux éclats ou avait la bouche occupée… Alternativement… Je ne crois pas l’avoir vu réussir les deux en même temps.
- Domi…
- Ben voilà... On s’est installés pour l’apéro sur la terrasse. Et mes parents ont profité d’un moment d’accalmie pour me de-mander « Et toi, parle-nous de toi ? »
- … …
- Voilà, ça a été tout simple. J’ai parlé du boulot, de l’année qui se terminait plutôt bien, que j’étais très pris par les épreuves sportives des examens, par la préparation du camp d’ados que l’allais faire en juillet, je leur ai dit pour le stage de voile début Août. Et puis, j’ai senti qu’ils attendaient… Ils n’osaient pas me presser de questions… Alors j’ai fini par « Ah ! Et puis… J’ai donné mon préavis pour le studio. J’ai décidé d’aller vivre avec Al… Enfin, je veux dire, il me l’a demandé. » Maman a poussé un cri, a tapé dans ses mains et m’a sauté au cou en disant « Je suis contente, je suis contente ! ». Voilà, c’est tout.
- C’est tout ? pas une réaction, pas une allusion au fait que je sois beaucoup plus âgé que toi, que je suis plus près de leur âge que du tien ?
- N’exagère pas !
- C’est mathématique !
- T’es lourd ! Et bien non ! Ils ont dit qu’ils s’en doutaient, enfin qu’ils l’espéraient un peu, qu’ils t’avaient beaucoup apprécié lorsque tu étais venu, Qu’ils me trouvaient plus calme et plus épanoui depuis que je te connais, mais ils n’ont fait aucune allusion à ton âge !
- Et ton frère ?
- Il m’a demandé si j’allais signer un PACS !
- Sacré môme ! (Je ris) Et tu as répondu ?
- Qu’il fallait être deux pour signer un PACS, et qu’aux dernières nouvelles tu étais toujours marié.
- Je sens comme un regret dans ta voix ?
- Al, nous n’en sommes pas là… Comme disait Mitterand, lais-sons le temps au temps… Mais pour répondre à ta question, oui, je crois que je t’aime assez pour en avoir envie.


Il m’enlève la tasse des mains, la pose sur la table basse, et viens se blottir dans mes bras. Cette grande carcasse. Ce bon mètre quatre-vingt et ses soixante dix kilos blottis dans mes bras comme un enfant sur le sein de sa mère.

- Je t’aime, Al… Tu ne peux pas savoir comme je t’aime !


Il n’est pas du genre à se laisser aller dans la mièvrerie. Il se redresse très vite, et, de nouveau assis, avec un coup de poing sur mon épaule : « Bon, et toi, la petite famille ? ».
Je lui narre la journée qui s’est déroulée sans surprise. J’omets l’incident avec les enfants et l’insulte « pédé ». J’ai honte devant un pédagogue. Mais l’émotion a été trop forte avec l’histoire du PACS… Je veux le charrier un peu, tourner les choses en dérision :

- Ah ! Et puis le mignon Nicolas est resté toute la journée… Nous avons beaucoup parlé… Il est mimi ce cochon ! Sacrément canon ! Mais je veillerai à ce que tu ne le rencontres pas… Chasse gardée…
- Attends… Tu veux essayer de me rendre jaloux ? Raté mon vieux ! Il est bien trop hétéro celui-là !
- Oh, tu sais… Des hétéros purs et durs, j’en ai mis plus d’un dans mon lit.
- Tu en mettras sans doute d’autres, je te fais confiance. Mais celui-là ! Il t’a quand même beaucoup côtoyé, et longtemps, avant de séduire ta femme… Et rien. Il a fini par la choisir, elle. .Alors… Il n’a aucun goût ce mec là. Il ne connaît rien à rien !


J’éclate de rire. Je n’ai pas réussi à le piéger. D’accord, la ficelle était un peu grosse. Et je suis fatigué. Je l’attire vers la chambre. Surtout que, comme tous les dimanches où nous sommes ensemble, demain matin il m’entraînera dans un footing effroyable dans le bois de Saint Eutrope. Pour cracher mes ronds de fumée.
Il m’aime comme j’aime. Tout en douceur et en tendresse. Dans un abandon total. Sans urgence. Sans vainqueur ni vaincu. Il me dit avec son corps qu’il est à moi. Corps et âme. Et je le crois.




Le bois de Saint Eutrope jouxte l’hippodrome. Le dimanche matin, c’est le rendez-vous des joggeurs. Et des chercheurs de champi-gnons, à la saison. Et à certaines heures un lieu de rencontres… Bucoliques. Nous y allons tôt. En général nous ne voyons pas grand monde.
Il a fallu que je rencontre Dominique pour me mettre à courir comme ça, comme un dératé. Je n’aime pas le jogging pour le jogging. Je n’aime pas le jogging.

Je sais bien que le corps est un instrument comme les autres. Il doit être entretenu. Je ne sais que trop que sinon le temps se charge, à la vitesse dans «V» de le réduire en une masse informe, gros tas de gélatine et de poils grisonnants… Tiens, ce matin j’ai repéré un poil blanc dans l’élégante toison qui hésite entre mes pectoraux avant de plonger en une fine et gracieuse flèche vers mon nombril et au-delà vers ma fierté d’homme. J’ai réussi à l’arracher. Ça fait mal.
Je sais que je n’ai plus un splendide corps d’athlète comme celui que je serrais dans mes bras à l’étouffer hier au soir. Je sais, je ne sais que trop que l’écart entre Domi et moi ne cessera de grandir si je ne prends pas garde. Il le nie avec trop de violence pour ne pas en être lui-même intimement conscient.
Je sais que, quoi qu’en disent les intellectuels de haut vol, quelles que soient les dénégations forcenées et limite extrémistes des défenseurs du droit à la différence, être bien fait est un sésame pour une vie plus facile. Tout le monde peut bien le nier. Je sais qu’un physique agréable donne toujours un à priori favorable. Je trouve ceci injuste, certes, mais indiscutable. Je veille à ne pas me laisser piéger par ces mécanismes inconscients, par exemple en phase de recrutement. Mais je suis bien obligé aussi d’en tenir compte un minimum en pensant aux clients chez qui ce collaborateur ou cette collaboratrice va intervenir. C’est dégueulasse. Je suis bien d’accord. Mais c’est.
Aurais-je seulement écouté Dominique sur le quai, ne l’aurais-je pas purement et simplement envoyé bouler, dans l’état où j’étais, si tous mes sens n’avaient été mis en éveil par son charme et un physique attachant ?
Suzy aurait-elle seulement prêté attention au compagnon de son collègue, apparemment « hors course », si ma simple vue ne l’avait pas, dès le premier abord interpellée ?
Aurais-je moi-même également été aussitôt branché, si elle avait banalement été un gentil petit tas sympathique ?
Nicolas aurait-il si vite emporté la mise, s’il avait été un petit chauve bedonnant ?
Dégueulasse ce que je dis. Je sais. Mais lucide.

Je n’ignore donc pas que ce bel organisme, source de tant de plaisirs doit être attentivement préservé. Mais je n’aime pas le jogging.
Tous ces mecs qui courent, le plus souvent sans élégance, sans technique, levant à peine les genoux et les talons, leur tee-shirt collé par la sueur sur un torse malingre, ou sur une poitrine qui ballotte comme celle d’une femme sans soutien-gorge, suivis par un popotin qui dodeline ou qui tremblote comme un paquet de guimauve… Même pas beaux… Oui, ok… Il nous arrive quand même de croiser des gars bien faits. Mais j’ai l’impression qu’alors ce ne sont que des paquets de muscles, tendus, figés, raidis par l’effort, obstinés, sclérosés. « Je suis beau et je le resterai, na… ». Quant aux femmes… Tiens, c’est vrai ? Etrange. En écrivant je réalise que je n’ai pas souvent vus de petits ou gros tas, avec des cylindres en guise de mollets, des cuisses qui se frottent comme les meules d’un moulin, la poitrine pendante, tirant péniblement derrière elles la masse informe qui leur sert d’arrière train. J’ai quelques vagues souvenirs d’en avoir croisées deux ou trois… De belles jeunes femmes sveltes et dynamiques, là, si ! Dans un jogging judicieusement choisi ou parfois à la belle saison vaguement protégées par un mini, mini short qui, de part les mouvements, a tendance à se replier entre des lobes fessiers bien fermes et sensuels. Un marcel bien échancré pour éviter de se charger trop vite de la sueur des aisselles, humide simplement sous les seins et dans le dos, juste ce qu’il faut pour prouver que l’effort est réel. Quand ils ne sont pas courts, les cheveux attachés en queue de cheval balancent amplement au rythme d’un trot très aérien. C’est vrai ça… J’ai l’impression que nous ne croisons que de jolies filles et des mecs imbaisables. Les intentions et objectifs ne seraient-ils pas les mêmes ?
Je n’aime pas le jogging. Je n’aime pas les montées d’endorphine liées à des efforts prolongés. J’ai la volonté farouche de conserver la maîtrise de mon être entier. Sans drogue naturelle ou artificielle.
Je n’aime pas le jogging. Je lui préfère la salle de musculation, où je dispose de tous les appareillages nécessaires au travail que j’ai besoin d’accomplir… J’exerce ma belle mécanique au niveau où elle a besoin d’être travaillée... Mes jambes sont plutôt pas mal, bien dessinées et fermes. Je ne m’y attarde pas. Mes activités quotidiennes leur suffisent. Mon travail devant écran laisserait mes bras s’atrophier, mon ventre s’arrondir. Je travaille mes abdos et la puissance de mes biceps. Les dorsaux ne sont pas à proprement parler utiles dans la vie courante, mais sacrément esthétiques. Je les exerce aussi. Avec un programme établi et suivi par un coach. A chacun son métier. J’en suis satisfait. Autre avantage de la salle : elle est proche de mes bureaux, et lorsque je ne suis pas en clientèle ou en repas d’affaire, je peux facilement m’offrir une séance à la pause déjeuner. Au moins deux fois par semaine. Parfois plus.

Je n’aime pas le jogging. Mais il semble bien que j’aime Dominique. Je ne peux rien lui refuser.
Et puis, je dois le reconnaître, cette balade bucolique dans cette forêt à demi sauvage, même à un rythme soutenu, est fort agréable. Nous courons l’un près de l’autre, presque à se toucher. Je sens ses efforts et son odeur. Je laisse lentement s’éveiller mon instinct animal. Quand le sentier devient trop étroit, Domi prend toujours la tête. Comme s’il m’ouvrait la voie. En éclaireur protecteur. Et dans l’effort, il est beau comme un jeune Dieu. C’est lui aussi qui définit et ajuste le rythme. C’est un professionnel, que diable ! Je fais plus que lui faire confiance. Je m’abandonne entre ses mains.
L’esprit dégagé de toute vigilance, j’ouvre tous mes sens pour savourer le grand air et les paysages de sous-bois. Je me laisserais bien enivrer par les odeurs, mais je perds aussitôt le rythme. Ces forêts de la région parisienne sont bien loin des vastes forêts landaises de mon enfance. Peu de grands arbres. Quelques chênes noueux et centenaires, de ci, de là. Sinon, de fins bouleaux à la maigre chevelure, des châtaigniers poussés trop vite, et quelques arbustes sauvages et indisciplinés. Même en pleine frondaison, le sous-bois reste relativement clair. Au sol, en revanche, les ronces, fougères, chèvrefeuilles et autres lianes empêchent de quitter les sentiers tracés, naturellement entretenus par la foulée des joggeurs et autres promeneurs… A mi-parcours, à l’orée du bois, nous apercevons les immenses murs et bâtisses de la prison de Fleury-Mérogis. A chaque fois j’ai un frisson. Je n’aime pas cet endroit. Je n’aime pas la symbolique qu’il représente : priver un individu de liberté. Pourquoi pas le priver d’eau et d’air ? C’est insupportable. Pour qui que ce soit.
Pas pour moi, Grand Dieu, ceci est si loin de mon univers ! A son approche, je demande toujours à Dominique de bifurquer, de penser au retour. Mais le temps imparti n’est pas écoulé. Juste un peu têtu le bonhomme. Je n’ai pas encore eu le courage de lui parler de cette ridicule phobie.


Nous rentrons épuisés et en nage. Heureux. Il est heureux. Je suis heureux de son plaisir et d’être avec lui. Si proches. Dans les pre-miers temps, ses sens étaient émoustillés par l’effort. Il avait tout de suite envie de faire l’amour. Je n’aime pas l’odeur trop âcre de d’effort. Je n’aime pas les odeurs soutenues. J’aime la fraîcheur, la douceur d’une peau satinée. J’aime enfouir mon visage au plus profond de son intimité, et là, j’aime quand même mieux retrouver le parfum de la savonnette au miel.
Naturellement, spontanément, nous avons trouvé notre équilibre. Nous prenons la douche ensemble dans la grande baignoire. Pen-dant qu’il fait couler le bain bien chaud et commence à s’y plonger, je réchauffe et bois un café sans lequel je ne serai plus tout à fait Al. Je le rejoins vite. Il est extatique dans son bain de mousse, le visage trempé, les yeux clos, le menton dans la mousse qui effleure ses lèvres.
Je me glisse doucement dans l’eau, comme pour ne pas le réveiller. Mais il m’attend, ses jambes s’écartent pour me faire un peu de place, ses bras enserrent mon torse, sa bouche cherche la mienne. Il bande déjà. Nos sexes se croisent et s’entrechoquent sous l’eau, la douceur du bain moussant rend leur rencontre encore plus sensuelle. Nous restons souvent de longues, longues minutes ainsi, ne faisant plus qu’un. J’écoute sa respiration profonde, j’enfouis mon visage dans son cou où l’âcreté de la sueur se fond dans le parfum des essences exotiques du bain pour former un élixir aphrodisiaque.
Enfin je me redresse pour libérer mes bras et pouvoir laisser mes mains inventorier chaque parcelle de ce buste dont les muscles durcis par l’effort se relâchent lentement dans le bain. J’aime ce torse aussi imberbe que le mien est velu. J’aime ces bras puissants, presque noueux, muscles en cascades, en collines et vallons mouvants et frémissants. J’aime que mes deux mains ensemble rejoignent sa poitrine si bien dessinée, que mes doigts titillent simultanément ses tétons en éveil… Puis, de ses aisselles à ses hanches étroites, mes mains redessinent le « V » gracile de son torse, en inventorient la moindre des aspérités. Je reste à genoux et le tenant fermement par la taille, je l’invite à se relever. Il se prête, oh combien, au jeu et son membre dressé et agressif vient me narguer juste sous mon nez.
En hommage préalable, je le prends en bouche pendant que ma main gauche se repaît des ondulations de ses abdominaux et la droite pétrit à l’envie un fessier ferme et frémissant. Mes lèvres ne peuvent se contenter de si peu. Chaque millimètre de peau est léché, mordillé, vénéré. Le canal de la longue hampe est suçoté, énervé, éprouvé, jusqu’à ce que mes lèvres rencontrent les bourses et leur précieux contenu, que je prends, un par un, pour les honorer en douceur, tandis que ma main visite sensuellement le pli fessier…
Je n’ai rien à conquérir à cette heure. Il s’offre à moi. Sans un mot, mais ne pouvant maîtriser quelques gémissements, il se tourne et se penche pour me faciliter l’accès à son intimité. Ma bouche, mes lèvres, ma langue, lui rendent les honneurs dus à une place qui se livre aussi volontiers. Ses gémissements deviennent plus profonds, plus haletants. Il m’accroche par le bras en m’invitant à me relever. « Viens… ».
Il se donne à moi comme si sa vie en dépendait. Il s’offre, oui, mais en fait, maîtrise. Il semble subir mes assauts mais en fait guide mon plaisir. Le même éblouissement nous laisse sans souffle. Je m’effondre sur son dos, et pendant un long moment j’entends son cœur qui répond au mien. Au même rythme.

Après avoir fini une toilette, prétexte initial, mais devenue encore plus indispensable, nous nous retrouvons enlacés sur le lit, dans une plénitude qui me tire les larmes des yeux. Je l’aime de plus en plus ce petit con ! Il s’est réfugié sur ma poitrine, dans la position qu’il affectionne pour s’endormir. La tête sur mon torse, son bras gauche autour de ma taille, sa jambe gauche sur ma cuisse droite. Mais il ne dort pas. Ses doigts effleurent ma peau radoucie par le bain, son genou joue par moments avec mon sexe, de temps en temps il redresse légèrement sa tête pour mordiller et tirer les poils de ma poitrine. Un long silence… « Je t’aime, Al, je t’aime ! ».
Pour toute réponse, je passe ma main dans ses cheveux, je dépose un tendre baiser sur son front. J’ai encore du mal à les dire, ces putains de mots… « Je t’aime »… Je les ai si longtemps crus strictement réservés à Suzy !

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