J’aurais bien prolongé cette petite passe d’armes, mais j’ai entendu la voiture. Domi revenait. Le temps qu’il prenne une douche, et nous allions pouvoir raccompagner Thomas. Mais il pose les papiers et les clefs sur la table en arrivant.
- Vous avez terminé votre truc ? Tiens, les papiers. J’ai pensé que c’était idiot que nous y allions tous les deux. De toute façon, nous ne devions pas rester. Et je suis crevé…
- Tu ne veux pas embrasser tes parents ?
- Thomas le fera pour moi. Je vais prendre le temps d’un bon bain, et je t’attendrai…
- Mmmm… Perspective agréable…
- Allez, vas-y… Et soyez prudent sur la route…
Thomas plie donc bagages, et je le ramène à Vaires. Le temps d’un petit apéro (sans alcool pour moi, merci… Je conduis…) et je rentre vite fait à la maison.
Tout le long du trajet je suis soucieux. Domi n’allait pas bien. Je ne l’ai jamais vu ainsi, aussi tendu. Quelque chose l’aurait contrarié ? A-t-il pu penser que je l’envoyais faire du sport pour rester seul avec son frère ? Non, impossible. Il sait très bien que je suis incapable d’une telle bassesse, et il connaît trop son frère… Serait-il à ce point frustré que nos petites fantaisies dominicales aient été sacrifiées ? Ridicule. Il n’a rien d’un obsédé… Je n’aime pas me sentir inquiet ainsi… Je n’aime pas le sentir mal. C’est rare. Très rare.
Je n’aurais pas été surpris de le retrouver à m’attendre à demi nu sur notre lit. Disons plutôt que cela ne m’aurait pas déplu. Pour la partie de galipettes, mais surtout pour effacer d’un revers de tendresse le malaise que je ressentais. Mais il était prêt, habillé, le couvert mis, il réchauffait un reste de lapin de la veille. Des radis étaient sur la table pour le hors d’œuvre. Il ne me restait plus qu’à m’asseoir.
Non. Je n’ai jamais accepté les non-dits. Je risquerais de m’étrangler avec un radis dans l’état où je suis. Non. Non. Faire face tout de suite.
Je le rejoins dans le coin cuisine, me place dans son dos, l’enlace en nouant mes mains sur sa poitrine. Ma tête dans le creux de son épaule, je lui murmure mon étonnement de le voir ainsi, mal et tendu, soucieux ou agressif, je ne sais pas.
Il essaye de se dégager, de nier l’évidence : « Laisse, c’est rien… »
- Non, pas à moi, mon chéri. Je te connais trop désormais. Il y a un truc, je ne sais pas quoi, mais il y a un truc…
- Mais non, je te dis…
- Chéri… Chéri ! Tu le sais que je t’aime !
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