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Cette année, je n’ai pas trop de difficultés. Le chantier le plus important en train de se terminer est dirigé par Brigitte. L’un de mes meilleurs ingénieurs, sinon la meilleure. Quand je pense à elle, je ne peux m’interdire ce petit clin d’œil : Seul hic, de taille, mais qui la fait rire, je dois relire tous ses rapports pour corriger ses fautes d’orthographe… Elle me traite de maniaque, que les clients s’en foutent, dans la mesure où ce qu’elle dit est solidement construit et argumenté. Il est vrai qu’il ne m’est jamais arrivé de corriger le fond. Mais la forme !... Vingt Dieux ! Avec un DESS en poche ! Je ne peux pas laisser passer. C’est l’image de MA société quand même ! Maniaque. Peut-être. Super bonne technicienne. Sûrement…
Si les dossiers et les fins de chantier ne me donnent pas trop de soucis pendant ce mois de juillet, par contre, je traverse une phase de recrutement assez prégnante. C’est un enjeu très important pour une petite société de services. Je ne pense, pour ainsi dire, qu’à ça. Jour et nuit. Heureusement, je peux m’appuyer sur ma secrétaire pour les entretiens préalables, elle connaît bien mes attentes et a pris goût aux tâches relevant des ressources humaines. Alain, excellent technicien, est en inter contrat, et peut assurer une bonne part des entretiens techniques. Mais les autres rencontres et la négociation salariale m’incombent. Et les décisions sont parfois bien difficiles…
Tiens… Aujourd’hui par exemple…
Deux de mes analystes et un ingénieur Chef de Projet me quittent, et je dois absolument recruter un ingénieur système technicien réseau… Quatre recrutements, ce n’est pas de la tarte… Donc aujourd’hui, le technicien réseau était sur la sellette… Mireille, la secrétaire, a retenu six CV. Avec la complicité d’Alain, pour les aspects professionnels. Je compte sélectionner trois candidats et soumettre leurs compétences à l’ingénieur système de chez un client qui a accepté de me donner ce coup de main. Je n’ai pas les compétences suffisantes pour être tout à fait pertinent. La décision d’embaucher des presque débutants entraîne ce genre de difficultés. Beaucoup de mes concurrents préfèrent et trouvent plus rentable de «débaucher» les bons éléments repérés sur le terrain, avec ou sans la complicité d’un cabinet de recrutement. Pour ma part, je préfère limiter les coûts et consacrer une masse salariale plus conséquente à une réelle progression des plans de carrière de mes collaborateurs. Ce qui n’évite pas le débauchage. A preuve cette année.
Rien de remarquable à signaler lors du premier entretien. Une jeune femme, à l’aise, volontaire, indiscutablement compétente. Petite expérience de deux années. Presque l’idéal, quoi. Retenue pour les entretiens techniques approfondis. Deuxième rendez-vous. Mireille ne m’avait rien dit. J’ouvre la porte. Le choc. Le garçon, assez jeune, accompagné d’une personne qui s’est avérée être une assistante, a eu besoin de deux chaises pour pouvoir s’asseoir. Il marchait difficilement, ses cuisses étant comme collées jusqu’aux genoux… De ses membres supérieurs on ne reconnaissait que des avant-bras et les mains, étonnamment fines et gracieuses.
Je suis resté un très, très long moment à étudier le CV. J’étais comme tétanisé. Impuissant. Confronté à mes démons. Dès la première minute je savais que ce recrutement n’était pas possible dans un contexte de service à la clientèle. Mais le CV était brillant, plus que satisfaisant. Je ne pouvais refuser que pour des raisons d’aspect physique, de présentation. Ce que je me glorifie de n’avoir jamais fait. En quelques secondes, tout s’est entrechoqué dans ma tête. Le «droit à la différence», le respect de l’intégrité physique, l’intégration d’handicapés dans la vie active dont je suis un ardent défenseur… Je sentais très fort la souffrance de ce malheureux garçon. Elle était là, palpable dans le bureau… Et je devais réagir. Piégé.
Cette année, je n’ai pas trop de difficultés. Le chantier le plus important en train de se terminer est dirigé par Brigitte. L’un de mes meilleurs ingénieurs, sinon la meilleure. Quand je pense à elle, je ne peux m’interdire ce petit clin d’œil : Seul hic, de taille, mais qui la fait rire, je dois relire tous ses rapports pour corriger ses fautes d’orthographe… Elle me traite de maniaque, que les clients s’en foutent, dans la mesure où ce qu’elle dit est solidement construit et argumenté. Il est vrai qu’il ne m’est jamais arrivé de corriger le fond. Mais la forme !... Vingt Dieux ! Avec un DESS en poche ! Je ne peux pas laisser passer. C’est l’image de MA société quand même ! Maniaque. Peut-être. Super bonne technicienne. Sûrement…
Si les dossiers et les fins de chantier ne me donnent pas trop de soucis pendant ce mois de juillet, par contre, je traverse une phase de recrutement assez prégnante. C’est un enjeu très important pour une petite société de services. Je ne pense, pour ainsi dire, qu’à ça. Jour et nuit. Heureusement, je peux m’appuyer sur ma secrétaire pour les entretiens préalables, elle connaît bien mes attentes et a pris goût aux tâches relevant des ressources humaines. Alain, excellent technicien, est en inter contrat, et peut assurer une bonne part des entretiens techniques. Mais les autres rencontres et la négociation salariale m’incombent. Et les décisions sont parfois bien difficiles…
Tiens… Aujourd’hui par exemple…
Deux de mes analystes et un ingénieur Chef de Projet me quittent, et je dois absolument recruter un ingénieur système technicien réseau… Quatre recrutements, ce n’est pas de la tarte… Donc aujourd’hui, le technicien réseau était sur la sellette… Mireille, la secrétaire, a retenu six CV. Avec la complicité d’Alain, pour les aspects professionnels. Je compte sélectionner trois candidats et soumettre leurs compétences à l’ingénieur système de chez un client qui a accepté de me donner ce coup de main. Je n’ai pas les compétences suffisantes pour être tout à fait pertinent. La décision d’embaucher des presque débutants entraîne ce genre de difficultés. Beaucoup de mes concurrents préfèrent et trouvent plus rentable de «débaucher» les bons éléments repérés sur le terrain, avec ou sans la complicité d’un cabinet de recrutement. Pour ma part, je préfère limiter les coûts et consacrer une masse salariale plus conséquente à une réelle progression des plans de carrière de mes collaborateurs. Ce qui n’évite pas le débauchage. A preuve cette année.
Rien de remarquable à signaler lors du premier entretien. Une jeune femme, à l’aise, volontaire, indiscutablement compétente. Petite expérience de deux années. Presque l’idéal, quoi. Retenue pour les entretiens techniques approfondis. Deuxième rendez-vous. Mireille ne m’avait rien dit. J’ouvre la porte. Le choc. Le garçon, assez jeune, accompagné d’une personne qui s’est avérée être une assistante, a eu besoin de deux chaises pour pouvoir s’asseoir. Il marchait difficilement, ses cuisses étant comme collées jusqu’aux genoux… De ses membres supérieurs on ne reconnaissait que des avant-bras et les mains, étonnamment fines et gracieuses.
Je suis resté un très, très long moment à étudier le CV. J’étais comme tétanisé. Impuissant. Confronté à mes démons. Dès la première minute je savais que ce recrutement n’était pas possible dans un contexte de service à la clientèle. Mais le CV était brillant, plus que satisfaisant. Je ne pouvais refuser que pour des raisons d’aspect physique, de présentation. Ce que je me glorifie de n’avoir jamais fait. En quelques secondes, tout s’est entrechoqué dans ma tête. Le «droit à la différence», le respect de l’intégrité physique, l’intégration d’handicapés dans la vie active dont je suis un ardent défenseur… Je sentais très fort la souffrance de ce malheureux garçon. Elle était là, palpable dans le bureau… Et je devais réagir. Piégé.
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