mardi 27 mai 2008

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- Ben voilà... On s’est installé pour l’apéro sur la terrasse. Et mes parents ont profité d’un moment d’accalmie pour me demander « Et toi, parle-nous de toi ?… »
- …
- Voilà, ça a été tout simple. J’ai parlé du boulot, de l’année qui se terminait plutôt bien, que j’étais très pris par les épreuves sportives des examens, par la préparation du camp d’ados que l’allais faire en juillet, je leur ai dit pour le stage de voile début Août… Et puis, j’ai senti qu’ils attendaient… Ils n’osaient pas me presser de questions… Alors j’ai fini par « Ah ! Et puis… J’ai donné mon préavis pour le studio…J’ai décidé d’aller vivre avec Al… Enfin, je veux dire, il me l’a demandé… » Maman a poussé un cri, a tapé dans ses mains et m’a sauté au cou en disant « Je suis contente, je suis contente ! ». Voilà, c’est tout…
- C’est tout ? pas une réaction, pas une allusion au fait que je sois beaucoup plus âgé que toi, que je suis plus près de leur âge que du tien ?…
- N’exagère pas !
- C’est mathématique !
- T’es lourd ! Et bien non ! Ils ont dit qu’ils s’en doutaient, enfin qu’ils l’espéraient un peu, qu’ils t’avaient beaucoup apprécié lorsque tu étais venu, Qu’ils me trouvaient plus calme et plus épanoui depuis que je te connais, mais ils n’ont fait aucune allusion à ton âge !
- Et ton frère ?
- Il m’a demandé si j’allais signer un PACS !
- Sacré môme… (Je ris…) Et tu as répondu ?
- Qu’il fallait être deux pour signer un PACS, et qu’aux dernières nouvelles tu étais toujours marié…
- Je sens comme un regret dans ta voix…
- Al, nous n’en sommes pas là… Comme disait Mitterand, laissons le temps au temps… Mais pour répondre à ta question, oui, je crois que je t’aime assez pour en avoir envie…

Il m’enlève la tasse des mains, la pose sur la table basse, et viens se blottir dans mes bras. Cette grande carcasse. Ce bon mètre quatre-vingt et ses soixante dix kilos blottis dans mes bras comme un enfant sur le sein de sa mère…

- Je t’aime, Al… Tu ne peux pas savoir comme je t’aime…

Il n’est pas du genre à se laisser aller dans la mièvrerie. Il se redresse très vite, et, de nouveau assis, avec un coup de poing sur mon épaule… « Bon, et toi, la petite famille ? »
Je lui narre la journée qui s’est déroulée sans surprise. J’omets l’incident avec les enfants et l’insulte « pédé »… J’ai honte devant un pédagogue. Mais l’émotion a été trop forte avec l’histoire du PACS… Je veux le charrier un peu, tourner les choses en dérision.

- Ah ! Et puis le mignon Nicolas est resté toute la journée… Nous avons beaucoup parlé… Il est mimi ce cochon ! Sacrément canon ! Mais je veillerai à ce que tu ne le rencontres pas… Chasse gardée…
- Attends… Tu veux essayer de me rendre jaloux ? Raté mon vieux… Il est bien trop hétéro celui-là…
- Oh, tu sais… Des hétéros purs et durs, j’en ai mis plus d’un dans mon lit…
- Tu en mettras sans doute d’autres, je te fais confiance… Mais celui-là… Il t’a quand même beaucoup côtoyé, et longtemps, avant de séduire ta femme… Et rien. Il a fini par la choisir, elle... .Alors… Il n’a aucun goût ce mec là. Il ne connaît rien à rien…

J’éclate de rire. Je n’ai pas réussi à le piéger. D’accord, la ficelle était un peu grosse. Et je suis fatigué. Je l’attire vers la chambre. Surtout que, comme tous les dimanches où nous sommes ensemble, demain matin il m’entraînera dans un footing effroyable dans le bois de Saint Eutrope… Pour cracher mes ronds de fumée…
Il m’aime comme j’aime. Tout en douceur et en tendresse. Dans un abandon total. Sans urgence. Sans vainqueur ni vaincu. Il me dit avec son corps qu’il est à moi. Corps et âme. Et je le crois.


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