lundi 2 juin 2008

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Je n’aime pas le jogging. Mais il semble que j’aime Dominique. Et je ne peux rien lui refuser.
Et puis, je dois le reconnaître, cette balade bucolique dans cette forêt à demi sauvage, même à un rythme soutenu, est fort agréable. Nous courons l’un près de l’autre, presque à se toucher. Je sens ses efforts et son odeur. Je laisse lentement s’éveiller mon instinct animal. Quand le sentier devient trop étroit, Domi prend toujours la tête. Comme s’il m’ouvrait la voie. En éclaireur protecteur. Et dans l’effort, il est beau comme un jeune Dieu. C’est lui aussi qui définit et ajuste le rythme. C’est un professionnel, que diable… Je fais plus que lui faire confiance. Je m’abandonne entre ses mains.
L’esprit dégagé de toute vigilance, je laisse mes sens savourer le grand air et les paysages de sous-bois. Je me laisserais bien enivrer par les odeurs, mais je perds aussitôt le rythme. Ces forêts de la région parisienne sont bien loin des vastes forêts landaises de mon enfance. Peu de grands arbres. Quelques chênes noueux et centenaires, de ci, de là. Sinon, de fins bouleaux à la maigre chevelure, des châtaigniers poussés trop vite, et quelques arbustes sauvages et indisciplinés. Même en pleine frondaison, le sous-bois reste relativement clair. Au sol, par contre, les ronces, fougères, chèvrefeuilles et autres lianes empêchent de quitter les sentiers tracés, naturellement entretenus par la foulée des joggeurs et autres promeneurs… A mi-parcours, à l’orée du bois, nous apercevons les immenses murs et bâtisses de la prison de Fleury-Mérogis. A chaque fois j’ai un frisson. Je n’aime pas cet endroit. Je n’aime pas la symbolique qu’il représente… Priver un individu de liberté… Pourquoi pas le priver d’eau et d’air ? C’est insupportable. Pour qui que ce soit. Pas pour moi, Grand Dieu, ceci est si loin de mon univers ! A son approche, je demande toujours à Dominique de bifurquer, de penser au retour. Mais le temps imparti n’est pas écoulé. Juste un peu têtu le bonhomme. Je n’ai pas encore eu le courage de lui parler de cette ridicule phobie…


Nous rentrons épuisés et en nage. Heureux. Il est heureux. Je suis heureux de son plaisir et d’être avec lui. Si proches. Dans les premiers temps, ses sens étaient émoustillés par l’effort. Il avait tout de suite envie de faire l’amour. Je n’aime pas l’odeur trop âcre de d’effort. Je n’aime pas les odeurs soutenues. J’aime la fraîcheur, la douceur d’une peau satinée. J’aime enfouir mon visage au plus profond de son intimité, et là, j’aime quand même mieux retrouver le parfum de la savonnette au miel…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

;)
(je sais c'est un peu court)