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Le repas est simple et excellent. Comme d’habitude. Suzy a préparé la poule au pot de mon enfance. Un autre petit clin d’œil. Et elle réussit la sauce poulette aussi bien que ma mère. Ce n’est pas un mince compliment. Je les soupçonne d’ailleurs d’échanger toutes les deux leurs petits secrets. Oui, elles se voient toujours. Suzy aime beaucoup mes parents. Elevée dans la rigidité la plus triste, sous un régime quasiment paramilitaire, elle avait été bouleversée la première fois que je l’avais amenée à la maison à Mimizan. Maman l’avait prise discrètement à part. « Je ne sais pas exactement où vous en êtes avec Al, alors, j’ai fait le grand lit et les lits jumeaux de la petite chambre. Vous vous organisez comme vous voulez… ».La gorge nouée, Suzy n’avait su que répondre. Dans le même temps, ses parents continuaient à me présenter aux visiteurs de passage comme « un copain à Suzy… »
Suzy va régulièrement voir Papa dans sa maison de retraite où la maladie d’Alzheimer l’a enfermé. Pas un mois sans qu’elle ne lui rende visite, avec Maman ou seule. Elle y va plus souvent que moi. Ceci expliquant peut-être cela.
Lorsque les premiers symptômes de la maladie ont inquiété Maman, je les ai fait venir ici, à Evry. Je voulais que Papa rencontre les plus grands spécialistes de la place de Paris… Et le verdict est tombé. Diagnostic sans appel. Et pas grand-chose à faire. Quand je pense aux progrès phénoménaux de la thérapie ces dernières années… Mais c’était il y a dix ans… Un peu plus même, Suzy attendait les garçons.
Maman n’a pas voulu retourner seule au fin fond des Landes avec Papa malade. Ma sœur vit comme moi en région Parisienne. Je voulais qu’ils soient près de nous, mais pas trop… Maman elle-même disait « Ce n’est pas bon que les jeunes et les vieux vivent trop rapprochés. Ils n’ont pas la même façon d’appréhender la vie… »
C’est alors que nous avons pensé aux cousins de Papa qui tiennent une boulangerie dans Orléans… Juste un peu plus jeunes que mes parents, et les deux couples s’entendent bien. Les prix plus raisonnables de l’immobilier, à cent kilomètres de Paris, ont précipité la décision. Nous avons trouvé un appartement adorable en rez-de-chaussée, avec petit jardin privatif. L’idéal.
Mais nous n’avions pas pensé que la perte de repères accélèrerait l’aggravation de l’état de mon père. Dix huit mois plus tard nous avons dû l’hospitaliser. Il se mettait en danger. Partait seul dans cette ville qu’il ne connaissait pas, ou en voulant aider ma mère, ouvrait le gaz sans l’allumer…
Il est dans une bonne maison spécialisée. Il est bien. Mais nous ne savons pas combien de temps nous pourrons tenir financièrement. Je serais, nous serions tristes d’être obligés de vendre la maison de Mimizan.
Nous venons de fêter les soixante-seize ans de Maman… Je réalise… Elle avait l’âge que j’ai maintenant lorsqu’elle m’a eu… Je n’aurai plus jamais d’enfant quoi qu’il advienne... Nicolas a trente trois ans et Suzy trente cinq. Il faut qu’ils se dépêchent s’ils en veulent un à eux…
Le repas est simple et excellent. Comme d’habitude. Suzy a préparé la poule au pot de mon enfance. Un autre petit clin d’œil. Et elle réussit la sauce poulette aussi bien que ma mère. Ce n’est pas un mince compliment. Je les soupçonne d’ailleurs d’échanger toutes les deux leurs petits secrets. Oui, elles se voient toujours. Suzy aime beaucoup mes parents. Elevée dans la rigidité la plus triste, sous un régime quasiment paramilitaire, elle avait été bouleversée la première fois que je l’avais amenée à la maison à Mimizan. Maman l’avait prise discrètement à part. « Je ne sais pas exactement où vous en êtes avec Al, alors, j’ai fait le grand lit et les lits jumeaux de la petite chambre. Vous vous organisez comme vous voulez… ».La gorge nouée, Suzy n’avait su que répondre. Dans le même temps, ses parents continuaient à me présenter aux visiteurs de passage comme « un copain à Suzy… »
Suzy va régulièrement voir Papa dans sa maison de retraite où la maladie d’Alzheimer l’a enfermé. Pas un mois sans qu’elle ne lui rende visite, avec Maman ou seule. Elle y va plus souvent que moi. Ceci expliquant peut-être cela.
Lorsque les premiers symptômes de la maladie ont inquiété Maman, je les ai fait venir ici, à Evry. Je voulais que Papa rencontre les plus grands spécialistes de la place de Paris… Et le verdict est tombé. Diagnostic sans appel. Et pas grand-chose à faire. Quand je pense aux progrès phénoménaux de la thérapie ces dernières années… Mais c’était il y a dix ans… Un peu plus même, Suzy attendait les garçons.
Maman n’a pas voulu retourner seule au fin fond des Landes avec Papa malade. Ma sœur vit comme moi en région Parisienne. Je voulais qu’ils soient près de nous, mais pas trop… Maman elle-même disait « Ce n’est pas bon que les jeunes et les vieux vivent trop rapprochés. Ils n’ont pas la même façon d’appréhender la vie… »
C’est alors que nous avons pensé aux cousins de Papa qui tiennent une boulangerie dans Orléans… Juste un peu plus jeunes que mes parents, et les deux couples s’entendent bien. Les prix plus raisonnables de l’immobilier, à cent kilomètres de Paris, ont précipité la décision. Nous avons trouvé un appartement adorable en rez-de-chaussée, avec petit jardin privatif. L’idéal.
Mais nous n’avions pas pensé que la perte de repères accélèrerait l’aggravation de l’état de mon père. Dix huit mois plus tard nous avons dû l’hospitaliser. Il se mettait en danger. Partait seul dans cette ville qu’il ne connaissait pas, ou en voulant aider ma mère, ouvrait le gaz sans l’allumer…
Il est dans une bonne maison spécialisée. Il est bien. Mais nous ne savons pas combien de temps nous pourrons tenir financièrement. Je serais, nous serions tristes d’être obligés de vendre la maison de Mimizan.
Nous venons de fêter les soixante-seize ans de Maman… Je réalise… Elle avait l’âge que j’ai maintenant lorsqu’elle m’a eu… Je n’aurai plus jamais d’enfant quoi qu’il advienne... Nicolas a trente trois ans et Suzy trente cinq. Il faut qu’ils se dépêchent s’ils en veulent un à eux…
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